Aṅguttara Nikāya
35. Pour Hatthaka (sur l'art de bien dormir dans la froide forêt)
Une fois, le Bienheureux séjournait près d'Alavi, [assis] sur un tapis de feuilles à côté d'un chemin pour le bétail dans une forêt de simsapa. Ce jour-là, Hatthaka d'Alavi, flânant et se promenant pour faire un peu d'exercice, aperçut le Bienheureux assis sur un tapis de feuilles à côté d'un chemin pour le bétail dans la forêt de simsapa. En l'apercevant, il s'approcha de lui et, s'étant approché et lui ayant rendu hommage, il s'assit à l'écart sur un côté. S'étant assis à l'écart sur un côté, il dit au Bienheureux: «Ô Vénéré, j'espère que le Bienheureux a dormi paisiblement.»
«Oui, jeune homme. J'ai dormi paisiblement. Je fais partie de ceux, dans le monde, qui dorment paisiblement.»
«Mais, Vénéré, froides sont les nuits d'hiver. La période d› «Entre-Les-Huits» est le moment des chutes de neige. Dur est le sol piétiné par les sabots du bétail. Mince est le tapis de feuilles. Rares sont les feuilles sur les arbres. Fines sont vos robes ocres. Et froid est le souffle du vent Verambha. Pourtant le Bienheureux dit, ‹Oui, jeune homme. J'ai dormi paisiblement. Je fais partie de ceux, dans le monde, qui dorment paisiblement.»
«Dans ce cas, jeune homme, je vais te poser une question en retour. Réponds comme bon te semble. Maintenant, que penses-tu: Imagine qu'un chef de famille ou que le fils d'un chef de famille ait une maison avec un toit en pignon, couvert à l'intérieur et à l'extérieur, sans aucun interstice, avec une porte et des fenêtres parfaitement enchassées et fermées pour ne pas laisser passer le vent. A l'intérieur, il a un lit en crin de cheval recouvert d'un long couvre-lit laineux, d'un couvre-lit de laine blanche, d'un couvre-lit brodé, d'une descente de lit en peau de daim kadali, avec un dais par-dessus, et des coussins rouges de chaque côté. Et une lampe brûlerait là, et ses quatre épouses, avec tous leurs charmes, s'occuperaient de lui. Dormirait-il paisiblement ou pas ? Quel est ton avis ?»
«Oui, Vénéré, il dormirait paisiblement. Il ferait partie de ceux, dans le monde, qui dorment paisiblement.»
«Mais qu'en penses-tu, jeune homme. Est-ce que des fièvres corporelles ou des fièvres mentales, nées des passions, ne pourraient pas apparaître chez ce chef de famille ou chez ce fils de chef de famille de sorte que—consumé par ces fièvres nées des passions—il dormirait misérablement?»
«Oui, Vénéré.»
«En ce qui concerne ces fièvres nées des passions—qui, en consumant le chef de famille ou le fils du chef de famille, l'empêchent de dormir paisiblement—cette passion a été abandonnée par le Tathâgata, ses racines ont été détruites, comme un palmier déraciné, elle a été privée de ses conditions d'existence, elle n'a plus aucune raison d'existence future. C'est pourquoi il dort paisiblement.»
«Maintenant qu'en penses-tu, jeune homme. Est-ce que des fièvres corporelles ou des fièvres mentales, nées de l'aversion, ne pourraient pas apparaître chez ce chef de famille ou chez ce fils de chef de famille de sorte que—consumé par ces fièvres nées de l'aversion—il dormirait misérablement?»
«Oui, Vénéré.»
«En ce qui concerne ces fièvres nées de l'aversion—qui, en consumant le chef de famille ou le fils du chef de famille, l'empêchent de dormir paisiblement—cette aversion a été abandonnée par le Tathâgata, ses racines ont été détruites, comme un palmier déraciné, elle a été privée de ses conditions d'existence, elle n'a plus aucune raison d'existence future. C'est pourquoi il dort paisiblement.»
«Maintenant qu'en penses-tu, jeune homme. Est-ce que des fièvres corporelles ou des fièvres mentales, nées des illusions, ne pourraient pas apparaître chez ce chef de famille ou chez ce fils de chef de famille de sorte que—consumé par ces fièvres nées des illusions—il dormirait misérablement?»
«Oui, Vénéré.»
«En ce qui concerne ces fièvres nées des illusions—qui, en consumant le chef de famille ou le fils du chef de famille, l'empêchent de dormir paisiblement—cette illusion a été abandonnée par le Tathâgata, ses racines ont été détruites, comme un palmier déraciné, elle a été privée de ses conditions d'existence, elle n'a plus aucune raison d'existence future. C'est pourquoi il dort paisiblement.»
«Toujours, toujours,
il dort paisiblement:
le brahmane totalement délivré,
qui ne s'attache pas
aux plaisirs des sens,
qui est sans avidité
et détaché.Ayant coupé tout les liens
et dompté la peur dans son coeur, apaisé,
il dort paisiblement,
Ayant atteint la paix
de l'Éveil.»